la bottega mathi
L’inclusion à l’italienne
REPORTAGE PHOTOS : Emmanuelle Janière
Agnès et Gino viennent d’Italie, de la région de l’Emilie Romagne. Ils y ont vécu les six
premières années de leur fils Mathieu, autiste non verbal. C’est là-bas qu’ils ont bénéficié d’une prise en charge de l’autisme exemplaire, notamment sur les approches
comportementales au domicile et à l’école, et sur le travail en réseau entre les élus de la ville, la coopérative de professionnels, les parents… A leur arrivée à Rennes, ils ont créé l’association Mathi sur le modèle d’accompagnement dont ils avaient bénéficié en Italie, pour proposer des formations aux professionnels et aux parents.
A l’image de l’école inclusive italienne, où tout élève, quel que soit son handicap, même les plus lourds, est scolarisé avec ses pairs, Agnès et Gino se sont battus pour permettre la scolarisation de Mathieu en milieu ordinaire, il est à ce jour scolarisé en 4 ème et tout se passe bien. Aujourd’hui, c’est peut-être le seul jeune autiste non verbal du département dans ce cas. Une auxiliaire de vie scolaire formée par l’association Mathi, le suit à l’école et à la maison depuis le début de parcours scolaire en France.
En mars 2019, après trois ans de montage de projet : recherche de financements, de
partenaires, de local, et plusieurs mois de travaux, La Bottega Mathi voit le jour dans le
quartier Jeanne d’arc de Rennes. Agnès et Gino sont devenus entrepreneurs sociaux et
restaurateurs, un métier bien loin de leurs professions d’origine dans les nouvelles
technologies et l’export… Suivant le modèle très répandu en Italie des coopératives sociales, ils ont créé une entreprise pour créer des débouchés et développer l’emploi en milieu ordinaire. Aujourd’hui, le restaurant a l’agrément ESUS.
De la vraie cuisine italienne, de la vraie de vraie… avec des produits de saison et en circuit court, dès que possible. Les deux chefs sont italiens et les clients viennent pour la cuisine. Le fait que la Bottega Mathi emploie des personnes avec troubles autistiques n’est pas mis en avant. D’ailleurs, beaucoup de clients ne le découvrent qu’après avoir franchi la porte. Les Bretons adorent la gastronomie italienne.
L’association Mathi, en synergie avec l’entreprise d’utilité sociale forme les jeunes en situation réelle, projet expérimental accompagné par la DIRECCTE, l’AGEFIPH et mission locale. Ce fonctionnement qui crée des passerelles entre les acteurs, permet au restaurant de rester indépendant. Son rôle social n’est, cependant, pas compensé par des aides particulières.
Agnès et Gino ont adapté leur offre à leur localisation. Et finalement, c’est plutôt un bon
choix. Hors période de restrictions sanitaires, l’établissement peut accueillir jusqu’à 50
couverts et travaille beaucoup avec les entreprises et le campus de Beaulieu.
L’année dernière, La Bottega Mathi a réalisé une très bonne fin d’année avec des prestations traiteur jusqu’à 200 personnes. Pour cause de covid, les prestations prévues sur le mois de novembre et les repas de Noël ont été annulés. Les restaurateurs espèrent compenser ces pertes due au reconfinement avec son activité de traiteur épicerie fine à emporter, en livraison et les paniers cadeaux de Noël.
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