Le 17 novembre, Les Extraordinaires ont réuni partenaires, institutions et journalistes au Reflet Paris pour présenter les résultats de l’étude menée avec le cabinet Ellyx sur les modèles économiques des restaurants inclusifs. Cette rencontre a également permis de rappeler les enseignements de l’étude d’impact social publiée en 2023, et surtout d’ouvrir un temps d’échanges sur les conditions nécessaires pour reconnaître et soutenir ce modèle. Entre constats, perspectives et demandes adressées aux acteurs publics, nous avons demandé à Flore Lelièvre, fondatrice du Reflet et présidente des Extraordinaires, de revenir sur les messages clés de cette matinée.

**Récit de la conférence de presse des Extraordinaires sur l’étude des modèles des restaurants inclusifs.**

Le 17 novembre, Les Extraordinaires ont réuni partenaires, institutions, élus et journalistes au Reflet Paris. Vous présentiez deux études réalisées avec le cabinet Ellyx.

Pourquoi ce moment était important ?

« Cette conférence était l’occasion de présenter les résultats de l’étude menée sur les modèles économiques des restaurants inclusifs, et de rappeler ceux de l’étude d’impact social réalisée en 2023. Nous savons intuitivement ce que ces restaurants produisent, mais nous voulions disposer de données solides, objectives, pour montrer leurs effets… et aussi leurs enjeux. »

Qu’est-ce que l’étude d’impact social met en évidence ?

« Elle montre d’abord une progression forte des compétences professionnelles : gestes métier, relation client, organisation… Les équipes évoluent, deviennent plus autonomes dans leur quotidien, prennent confiance.

Ce sont aussi des lieux qui soutiennent les familles et qui font bouger le regard du public : 40 % des clients disent que leur perception du handicap change après leur expérience dans un restaurant inclusif. ».

Un témoignage a marqué les participants : celui de Cyril.

« Oui. Cyril travaille au Reflet Paris depuis plusieurs années. Il a parlé de sa progression, de sa fierté, de ce qu’il apporte à l’équipe en tant que représentant du personnel. C’était très juste. Son témoignage incarne ce que montrent les chiffres : ce sont des environnements où chacun peut trouver sa place et évoluer. »

Vous avez également présenté une étude sur les modèles économiques. Que faut-il en retenir ?

« Que les restaurants inclusifs sont de vraies entreprises, avec une activité importante : environ 10 000 couverts par an, un ticket moyen comparable au reste du secteur, une clientèle fidèle.

Mais ce sont aussi des organisations particulières. Pas de coupures pour les salariés en situation de handicap, des accompagnements renforcés, beaucoup de formation, des rythmes pensés pour la santé des équipes… Ce sont des choix assumés, mais qui créent des équilibres économiques plus serrés que dans la restauration classique.

C’est donc un modèle qui fonctionne, mais qui demande des compétences multiples — cuisine, accompagnement, gestion — et qui nécessite des conditions adaptées pour se développer durablement. »

La conférence s’est poursuivie par un tour de table avec les participants. Qu’est-ce qui en ressort ?

« Trois grands sujets ont émergé. D’abord l’accompagnement socio-professionnel : selon les restaurants, il prend des formes différentes (compétences internes, appui extérieur libéral ou encadré…). L’enjeu est d’avoir un cadre plus lisible et plus cohérent.

La question des dispositifs existants a également été soulevée, notamment l’agrément d’Entreprise Adaptée (EA) et la Reconnaissance de la Lourdeur du Handicap (RLH). Ces mécanismes apparaissent mal adaptés à la réalité des restaurants inclusifs : l’agrément EA ne correspond ni à la taille des équipes ni aux profils accompagnés, et reste difficilement accessible dans certaines régions, tandis que la RLH propose des aides plus limitées, peu compatibles avec l’organisation des équipes et le recours à des contrats à temps partiel. »

Enfin, le mécénat. Beaucoup de restaurants inclusifs ont un statut commercial, et même s’ils ne versent aucun dividende, le cadre fiscal actuel rend difficile le fléchage de dons. Le fonds de dotation que nous avons créé est une première réponse, mais il faudrait un cadre plus clair pour que ce dernier puisse soutenir les restaurant inclusifs du collectif. »

 Quelles suites imaginez-vous ?

« Ce qui est ressorti très clairement, c’est l’envie partagée d’avancer ensemble. Les échanges ont montré une vraie disponibilité des acteurs publics, de l’Agefiph et des élus présents pour construire des solutions. L’idée maintenant, c’est de formaliser un groupe de travail qui nous permette collectivement d’ajuster les dispositifs existants et de créer un cadre adapté, pour que les restaurants inclusifs puissent se développer sereinement partout en France. »

 

Un mot pour conclure ?

« Nos restaurants montrent tous les jours leur utilité sociale et économique. Ce que nous cherchons aujourd’hui, c’est simplement à créer les conditions pour qu’ils puissent continuer à exister, se déployer, et accueillir des équipes qui font la démonstration concrète que l’inclusion est possible. »

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