o bell’endroit
Une entreprise parmi d’autres.
Si la motivation première de Fabienne et Sonia était de créer un emploi pour leur frère, leur envie était surtout de montrer qu’il peut occuper un véritable travail. Et c’est le cas !
Rencontre avec Fabienne Lamothe, gérante d’O Bell’ Endroit à la Roche sur Yon.
l’idée
« Créer de l’emploi pour des personnes atteintes de trisomie 21, de véritables emplois où nos travailleurs soient des travailleurs ordinaires, intégrés à la vie économique. »
Un nom qui rassemble plus que le simple fait de manger
O Bell’ endroit, c’est un restaurant extraordinaire, mais c’est aussi une salle de réunion, des expos temporaires d’artistes et des projets… Comme le restaurant est installé dans la zone d’activités Graham Bell, quoi de mieux qu’un nom mnémotechnique pour se faire connaître.
le déclencheur
Depuis ses 18 ans, on se pose des questions sur l’avenir de Valentin, notre frère de 23 ans, atteint de trisomie 21. Il avait fait des stages, en usine notamment, mais sans conviction. Même s’il n’a pas une bonne élocution, il aime le contact. On s’était donc orientés vers les métiers du commerce ou du tourisme.
Et puis, on a entendu parler du Reflet à Nantes l’été avant son ouverture. Lorsque nous sommes venus avec ma sœur et mon frère, je pense qu’on a eu autant d’étoiles que possible dans les yeux. Je me souviens d’Antoine et de Maxime, les serveurs du Reflet, qui nous ont accueillis, on les a sentis heureux. Valentin nous a demandé : « ça c’est un travail ? ça c’est des adultes ? » Tout à coup, il a eu une vision du monde adulte qui était plus jolie que ce qu’il avait l’habitude de voir.
fiche d’identité
Date de création : Décembre 2018
Adresse : 24 r Charles Bourseul à La Roche sur Yon, dans la zone d’activités Graham Bell.
4 serveurs porteurs de handicap à mi-temps
La gérante et la cheffe de cuisine à temps plein
1 aide en cuisine le jeudi soir
40 couverts
Une histoire de reconversion familiale
Valentin, le frère, serveur O Bell Endroit
Il est allé en stage au Reflet de Nantes à deux reprises.
Fabienne, la sœur, gérante du Bell Endroit
J’ai fait un bilan de compétences pour valider le projet de création de ce restaurant. Avant, j’avais un métier très différent. J’étais responsable des ressources humaines dans une entreprise des télécoms de 120 personnes. Pour le côté gestion et création d’entreprise, management, communication, je pense que mon bagage professionnel m’a fortement servi.
Et puis, j’ai le langage de la clientèle du restaurant, qui sont en partie des entreprises.
Finalement avant, j’étais eux !
Sonia, la sœur, enseignante et médiatrice O Bell Endroit
Même si elle n’est pas salariée du restaurant, elle a créé le projet et vient au restaurant un à deux services par semaine.
Enseignante spécialisée, l’adaptation c’est son métier depuis 20 ans. C’est elle qui fait le lien avec les salariés, aménage les outils sur la lecture et la compréhension.
Les parents, cofondateurs et associés du Bell Endroit
O Bell’ Endroit a six propriétaires : les deux sœurs de Valentin, leurs maris et leurs parents.
« Au départ, le projet prévoyait des actionnaires associés extérieurs. Petit à petit, on s’est rendu compte que le projet était accessible pour nous-même. On voulait aussi cette autonomie pour être décisionnaire très rapidement. »
système de commande et rythme adaptés
Trois jours de travail par semaine au démarrage, ce n’était pas assez pour créer un rythme. Dès que l’on est passé à quatre jours sur des petites journées de 4 à 5 heures, c’était parfait !
Les serveurs présentent eux-mêmes la carte. Certains la lisent. Les plats et les desserts sont présentés en photo et repérés par une lettre : A, B ou C. Le serveur remplit le bon de commande avec des cases à cocher et le transmet en cuisine et au bar.
Quand les serveurs embauchent, ils démarrent leur journée devant le tableau des missions, où se fait la répartition. Ils sont ensuite autonomes dans leurs missions.
une équipe soudée dans l’aventure entrepreneuriale
La restauration, c’était nouveau pour la plupart d’entre nous !
Aucun des serveurs n’avait de formation dans la restauration. Trois d’entre eux venaient d’IME et le quatrième était sorti de tout système, au domicile depuis 4 ans. Ils avaient fait des stages de découverte d’une semaine ou deux. Pour ma part, j’avais eu une formation de trois mois…
C’était bien d’apprendre ensemble et d’y aller petit à petit. Un beau challenge aussi !
Un seul handicap, la trisomie 21
Le restaurant, s’est construit autour de notre frère Valentin, porteur de trisomie 21 : les outils, le rythme, la connaissance du handicap. Quand on a fait les recrutements, on s’est rendu compte que les outils n’étaient pas adaptés à d’autres handicaps. Et même s’ils sont tous différents avec leurs personnalités, je me suis rendue compte de l’importance que l’équipe fonctionne bien ensemble.
C’est devenu aussi son projet !
Rébecca, la cheffe cuisine, est présente depuis le début du projet. On recherchait au départ un profil très expérimenté. On a rencontré quelques personnes, mais sans avoir le feeling. Souvent, les personnes venaient pour les horaires puisqu’on ne travaille ni le samedi, ni le dimanche.
Puis on a rencontré Rébecca qui était Second de cuisine dans un restaurant du centre-ville. On a eu le coup de cœur et on l’a débauchée… Elle avait été éducatrice dans des établissements pour jeunes en difficulté et avait tout abandonné un an avant pour la restauration. On lui a montré le local, avec les travaux, elle était euphorique, comme nous… C’est devenu aussi son projet !
C’est ça aussi la folie des rencontres.
Des serveurs polyvalents
Employés principalement en service, le matin les salariés sont également en charge de la préparation de la salle, du ménage et de l’aide en cuisine.
oui, ils occupent véritablement leur poste
« Dans leur rôle de serveurs, ils ont été au-delà de ce que l’on attendait ! Certains clients sont surpris car ils viennent pour découvrir et finalement ils découvrent des serveurs. Point. Attentionnés, souriants. Ils ont très vite montré qu’ils faisaient un vrai travail. »
au premier bilan, tous les feux sont au vert !
Si le covid-19 nous a obligé a fermé le lendemain de notre premier bilan, il était plutôt positif. Dans les chiffres, le restaurant est juste à l’équilibre. Pour une première année, nous sommes très contents.
Notre objectif c’était d’apprendre.
Nous sommes très optimistes car nous accueillons de plus en plus de soirées et de réunions dans notre salle. Nous avons eu de très bons retours des clients qui reviennent.
On commence à compter dans ce petit réseau de restaurateurs !
La deuxième année est là pour rendre le projet solide. A cause du covid-19, cette deuxième année est un peu faussée, mais à partir de septembre, le projet est de gonfler l’offre « séminaires ».
retour d’expériences
Ce qui vous fait avancer O Bell’ Endroit ?
Physiquement, c’est un métier qui est dur. Alors, quand je les observe faire leur boulot sans que je n’aie rien à dire, je me dis : on a réussi ! Ils ont appris un vrai métier !
Quand je vois les clients les regarder comme des serveurs complètement ordinaires, quand je constate qu’ils se sont fait leur propre clientèle, c’est vraiment motivant.
On a voulu créer un resto pour qu’ils aient un emploi et c’est vraiment le cas aujourd’hui…
Trucs en astuces d’employeur extraordinaire
• Prendre le temps de connaître chacun dans l’équipe, comme pour tout salarié. En fait, tout est comme ailleurs…
• Avoir une réelle volonté d’inclusion et ne pas juste vouloir faire une bonne action.
• Ne pas négliger l’entourage familial de la personne recrutée. Sur le papier, ce sont des salariés comme les autres. Dans la réalité, la famille est un allié très important dans la réussite du projet.
des restaurateurs qui suivent le mouvement
Depuis le mois de septembre, un restaurant voisin démarre un partenariat avec un IME (institut médico éducatif) et accueille une personne tous les jeudis au service.
Sur la Côte, à Notre Dame de Monts, un autre restaurateur nous a contacté car il aimerait aussi embaucher une personne avec un handicap !
Le Reflet nous a servi d’exemple mais tous ceux qui naissent derrière servent d’exemples à d’autres !
Un salaire bien mérité !
« Ce ne sont pas des projets pour faire joli. Les personnes porteuses de trisomie 21 qui travaillent, occupent vraiment leur emploi.
Nous n’avons pas à rougir, ils font vraiment leur job.
Ils ont un salaire et ils le méritent. »
un salaire bien mérité !
« Ce ne sont pas des projets pour faire joli. Les personnes porteuses de trisomie 21 qui travaillent, occupent vraiment leur emploi.
Nous n’avons pas à rougir, ils font vraiment leur job.
Ils ont un salaire et ils le méritent. »
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