Les petits plats de Maurice, resto d’ESAT et de quartier
Ce restaurant, niché au fond d’une impasse du XIème arrondissement de Paris, n’est pas un restaurant d’ESAT* traditionnel. Il fait le pari de l’ouverture sur son quartier, et ça marche ! Le Mag a rencontré Alice Freysz, récemment nommée directrice de l’ESAT ANRH Paris XI. Elle nous fait découvrir Maurice, Les Petits Plats et tout son écosystème ! Suivez le guide.
Entretien réalisé à la terrasse des Petits Plats de Maurice le 3 juin 2021
l’idée
Ce restaurant inclusif a été pensé comme un lieu de vie, d’apprentissage, de travail et de rencontres.
Il était une fois… Maurice
l’ h i s t o i r e
Maurice Pilod était un médecin spécialiste de la tuberculose et très engagé sur l’insertion sociale et professionnelle de ses patients. Il est à l’origine d’un des tout premiers ateliers protégés de France, dont est issu l’ANRH. Il était tout naturel de lui rendre hommage avec le nom du restaurant !
La mission d’un ESAT est l’insertion sociale et professionnelle de personnes en situation de handicap
« Les ESAT dépendent des ARS (Agences Régionales de Santé), nous sommes amenés à traiter d’enjeux adjacents au travail, qui font, cependant, partie d’une bonne insertion sociale. On accompagne les travailleurs aussi bien sur leurs compétences professionnelles que le travail en équipe, le port de lunettes ou l’éducation nutritionnelle avec le restaurant. Cela ne nous empêche pas de générer du chiffre d’affaires. Il est la meilleure reconnaissance de nos clients et nous permet d’investir. »
Des ateliers et des vélos
« Aux côtés du restaurant Les petits plats de Maurice, l’ESAT porte historiquement deux autres activités : des ateliers, situés au premier et deuxième étage du bâtiment qui abrite le restaurant, et une boutique de réparation de vélos, Les petits vélos de Maurice, situé à quelques pas du restaurant, atelier très réputé, ouvert il y a plus de 17 ans. »
Le positionnement du restaurant, c’est du frais, du local, du bio, renouvelé chaque jour
« Nous avons une carte très simple : une entrée du jour, un plat du jour, une soupe froide ou chaude, une quiche, un croque et un bowl. Tous les jeudis, c’est végétarien. La cheffe aime particulièrement travailler les légumes et les herbes.
Nous avons une clientèle de quartier. Comme on change de carte quotidiennement, des commerçants viennent déjeuner quasiment tous les jours, ici. »
« Nous faisons 60 repas pour l’interne et 60 en commercial »
« Le restaurant a ouvert fin 2018. L’année 2019 a été une année de montée en puissance. Grâce à la restauration destinée aux travailleurs de l’ESAT, notre année 2020 a été très tournée vers l’interne. Nous avons continué à servir une cinquantaine de repas en interne, ce qui a permis de maintenir les gestes professionnels. C’était une vraie chance pour nous !
Côté vente à emporter, avec le confinement, nous avons développé notre offre et notre communication sur ce service. Pour nous faire connaître sur ce créneau, nous avons, encore une fois, privilégié le quartier. La monitrice de salle et un travailleur déposent des flyers dans les commerces. Cela nous permet de servir une quinzaine de plats en plus par jour. »
Même s’il appartient à l’ESAT, le restaurant est géré comme tout restaurant
« Nous avons du très beau matériel professionnel en cuisine, et une très belle salle, comme tout bon restaurant. Le métier de la restauration est un métier difficile. En salle, les employés doivent gérer la clientèle avec tout ce que cela impose de stress au niveau du timing et de la satisfaction client. »
Equipe cuisine : 7 travailleurs, 1 monitrice cuisine et 1 cheffe.
Equipe salle : 4 travailleurs et 1 monitrice salle.
Pas de prise de commande,
« Aux petits plats de Maurice, le client commande et paye au comptoir, en arrivant. Le restaurant est entièrement tenu par des personnes en situation de handicap, y compris la caisse. Nous fonctionnons ensuite avec un système d’ardoise et de plateau lorsque le client a payé. »
Tout a été pensé dans l’ouverture et la mixité avec le quartier
« Tout le design est fait pour être dans l’ouverture : une salle commune aux clients et travailleurs de l’ESAT, une cuisine ouverte. Isabelle Pollet Rouyer, la précédente directrice, est une habitante du quartier, elle a donc, très naturellement, développé l’insertion du restaurant dans son environnement. L’ESAT est complètement ancré dans la vie locale de quartier : nous sommes dans les associations de commerçants, quand il y a l’inauguration du jardin voisin, nous en assurons le service des boissons, etc.
Autre exemple de partenariat local, les cuisines sont louées à une start-up du quartier, qui fabrique des sirops artisanaux. C’est l’équipe cuisine du restaurant, qui leur prépare les fruits. »
« avant, je travaillais chez danone »
« J’étais dans la division médicale, au service de personnes malades ou âgées. J’ai eu envie d’avoir un métier tourné vers l’intérêt général. Après cinq mois ici, je suis ravie de mon choix. J’apprécie particulièrement la fraîcheur dans la relation humaine, c’est un plaisir de travailler aux côtés de travailleurs handicapés, et de partager avec eux le même goût du travail bien fait et de la satisfaction du client !
Commentaires récents