Travailler en milieu ordinaire #3

Le parcours de Guillaume, employé de restauration chez Burger King

Dans notre série dédiée aux parcours de personnes porteuses de trisomie 21 vers l’emploi en milieu ordinaire, voici le parcours de Guillaume Nimeskern. C’est avec Guillaume et sa maman, Bernadette, que nous sommes revenus sur son histoire de la maternelle à ses treize années au Burger King de Chenôve.

Entretien réalisé par téléphone le 21 juin 2021.

Le parcours de Guillaume

📸 Photo Le Bien Public/Anne-Françoise Bailly

Âge : 35 ans

Parcours scolaire : Maternelle en école ordinaire à mi-temps et 3 jours sur une structure adaptée, suivi d’un parcours en IME à temps complet, puis d’un IMPro, où il a, notamment, appris à lire et à prendre les transports en commun.

Parcours professionnel : Stages dans les divers ateliers de l’IMPro : peinture, maçonnerie, blanchisserie, jardinage, cuisine. Plusieurs stages en ESAT non concluants pour Guillaume qui ne s’y épanouissait pas.

Son souhait : La restauration. Guillaume a toujours été très attiré par le milieu de la restauration, peut-être parce que son oncle, avec qui il s’entendait bien, était restaurateur.

« De notre côté, nous avons toujours essayé de suivre son souhait. C’était compliqué pour l’établissement de penser qu’il pourrait faire un stage en milieu ordinaire. On nous a pris pour des illuminés en nous disant que nous allions le mettre en échec. Il a vraiment fallu se battre ! »

Le déclencheur : Dans le cadre de leur travail, les parents de Guillaume, postiers, déjeunaient dans un restaurant d’entreprise, le midi. Suite à une discussion, le gérant du restaurant a bien voulu prendre Guillaume en stage 15 jours, puis quatre mois. Ce fut une réussite pour Guillaume, pour l’employeur et pour les équipes. Malheureusement, ce restaurant avait averti les parents, dès le départ, qu’il n’avait pas de possibilité d’embauche pour Guillaume.

 

Le poste chez Burger King

L’entreprise : Quick, puis Burger King

Contrat : CDI

Planning de travail : 9H – 11H / 12H – 15H du mardi au samedi

« Je fais le nettoyage de la salle, de la mezzanine, des toilettes et de la terrasse. Le midi, je fais les frites aussi la cuisson des steaks. Ce que je préfère, c’est préparer les burgers et les salades. »

Le premier contact : Alors que Guillaume était retourné en IMPro suite à son stage en restauration, ses parents ont été appelés par l’établissement.  Un directeur de l’enseigne Quick était à la recherche d’un jeune porteur de trisomie 21 pour un stage. Les parents n’ont pas hésité une seconde, malgré leurs inquiétudes quant à la complexité des postes en restauration. Pour eux, la restauration rapide était un bon compromis : être dans la restauration sans préparer de plats trop compliqués.

Pour autant, même lorsque le directeur lui a annoncé : « Bonjour Madame, je suis le directeur de Quick et je vais embaucher votre fils. », Bernadette Nimeskern n’y croyait pas plus que cela, elle lui avait alors répondu : « C’est très réconfortant mais que je n’en serai sûre que le jour où le contrat sera signé… »

« On a eu un grand soleil au bout du tunnel avec cette proposition d’emploi. »

Le premier employeur : Le directeur de Quick a donc pris Guillaume en stage en mars 2008 et l’a embauché en CDI en juillet de la même année. Il y avait une réelle volonté d’intégration.

Changement de directeurs et d’enseigne : Guillaume a dû s’adapter à de nouveaux directeurs, par la suite. Il y a deux ans, le restaurant a été repris par l’enseigne Burger King. Pour accompagner le changement de méthodes de travail, Guillaume a bénéficié de trois mois de formation.

Accompagnement dans l’emploi : Un système de tutorat par une personne de l’équipe avait été mis en place au démarrage. A présent, Guillaume est très autonome et ce n’est donc moins nécessaire. En revanche, il y a toujours un suivi par l’association Trisomie 21 Côté d’Or. Mélanie Millerand, chargée d’accompagnement socio-professionnel, est en contact régulier avec l’employeur.

« Avec le travail en milieu ordinaire, il s’est complètement épanoui. »

Bernadette Nimeskern reconnaît que le milieu ordinaire correspond parfaitement à son fils. Le travail en ESAT était plus conflictuel pour lui. La relation avec ses collègues chez Burger King est plus apaisée et très bienveillante, au dire de ses parents. Elle en donne pour preuves les attentions de ses collègues, pendant le confinement, qui n’hésitaient pas à l’appeler régulièrement pour prendre de ses nouvelles. Elle croit même savoir qu’il serait un peu un confident pour ses collègues.

« Ils viennent de proposer un stage découverte à cinq personnes porteuses de trisomie 21. »

En mai, Guillaume a été chargé d’accueillir et d’accompagner les stagiaires, accompagnés de Mélanie Millerand. Une belle fierté pour Guillaume, qui affiche à présent treize années d’expérience dans la restauration rapide.

« Je vais au travail en bus. J’habite dans un appartement en colocation. »

L’installation en co-location s’est faite à l’initiative des parents respectifs. Depuis six ans, Guillaume vit en co-location avec une autre personne, également porteuse de trisomie 21, qui travaille en milieu ordinaire. A présent, une SAVS l’accompagne pour l’organisation du quotidien. Les rôles sont partagés. Pour les repas et le ménage, c’est une semaine sur deux, et les menus sont établis à l’avance.

« J’aime bien les comédies musicales. »

Côté loisirs, Guillaume a une vie bien remplie. Grand fan de foot, il est abonné au club Dijonnais et assiste à tous les matchs. Il pratique également l’aviron et le judo, voit régulièrement des concerts, des matchs de basket, des comédies musicales, sa grande passion. Autant dire que pour lui, la parenthèse covid est un grand coup d’arrêt à sa vie sociale… Pendant le confinement, de retour chez ses parents, il se rattrape en faisant du karaoké sur son téléphone portable. Pour leur plus grand bonheur il offre, chaque jour, une petite représentation…