Mary Castel, entrepreneuse et engagée
Mary Castel n’est pas une partenaire comme les autres. Cette serial entrepreneuse s’attache à placer son activité professionnelle au service de l’inclusion des personnes en situation de handicap mental et cognitif. Pour Le Mag, elle revient sur son itinéraire, ses combats et son implication de longue date auprès de l’association Les Extraordinaires et du restaurant Le Reflet Paris.
**Interview téléphonique réalisée le 28 février 2025**
Vous êtes engagée depuis plusieurs années auprès de l’association Les Extraordinaires et du restaurant Le Reflet de Paris. Pouvez-vous nous raconter comment cette aventure a commencé ?
Tout a débuté grâce à Guillaume Gomez, ancien chef des cuisines de l’Élysée et aujourd’hui ambassadeur de la gastronomie française. Nous avions déjà échangé sur de nombreux sujets liés à l’inclusion et au handicap, qui me tiennent particulièrement à cœur. Lorsqu’il m’a parlé du Reflet, un restaurant employant des personnes en situation de handicap, j’ai immédiatement été séduite par l’initiative. J’ai voulu m’investir pour soutenir ce projet qui prône l’inclusion du handicap par l’emploi.
Votre engagement pour cette cause ne date pas d’hier. D’où vient cette sensibilité à la question du handicap ?
Mon engagement est profondément ancré dans mon histoire personnelle. J’avais une petite sœur trisomique, malheureusement décédée trop jeune suite à une opération à cœur ouvert. Cet événement a profondément marqué ma famille et nous a amenés à nous investir dans la Fondation Perce-Neige, où nous avons rencontré d’autres parents et enfants concernés par le handicap.
Mes parents ont pris une décision très forte à l’époque : ils ont cédé le corps de ma sœur à la science, espérant ainsi contribuer à faire avancer la recherche. Je me dis souvent que si aujourd’hui les personnes atteintes de trisomie bénéficient de meilleures conditions médicales, c’est peut-être en partie grâce à elle. J’aime penser qu’il y a une part de magie dans tout cela.
Comment cet engagement personnel a-t-il influencé votre parcours professionnel ?
J’ai d’abord suivi un cursus en communication et marketing et travaillé pendant 18 ans en agence de communication. Mais au fil du temps, j’ai ressenti un besoin de sens. Je voulais que mon travail ait un véritable impact.
J’ai alors décidé de me replonger dans l’histoire de ma famille et me suis lancée dans la porcelaine de Limoges en créant ma propre marque, Maison Fragile. J’ai monté ce projet de A à Z, en cherchant un fournisseur à Limoges. L’image de marque était très belle et a eu un succès d’estime, mais commercialement, ce n’était pas viable notamment à cause de problèmes de production. J’ai finalement cédé mon entreprise à un distributeur coréen après une période difficile marquée par un sentiment d’échec. Avec du recul, je me sens libérée.
Comment aviez-vous réussi à concilier votre engagement personnel et cette aventure entrepreneuriale ?
Avec Maison Fragile, j’avais la liberté d’intégrer mes valeurs et mes engagements dans mon activité. Je suis marraine d’un enfant polyhandicapé et d’une petite fille aveugle de naissance. De nombreux amis ont des enfants autistes, ce qui m’a rendue plus à l’écoute et plus consciente des difficultés qu’ils rencontrent, qu’il s’agisse des problèmes d’IME ou des lourdeurs administratives.
Grâce à mes échanges avec Guillaume Gomez, j’ai découvert des initiatives inspirantes comme le restaurant Le Reflet et l’association Les Extraordinaires. Aujourd’hui, je m’investis pleinement pour soutenir ces projets, car ils incarnent une vision du monde plus inclusive et solidaire.
Vous avez également collaboré avec les salariés du Reflet pour créer une collection spéciale. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Vous lancez aujourd’hui un nouveau projet entrepreneurial, une agence de communication engagée. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette initiative et votre choix de reverser une partie de votre chiffre d’affaires à l’association ?
Après toutes ces expériences, j’ai eu envie de revenir à mon cœur de métier, la communication, mais avec une approche alignée sur mes valeurs. J’ai donc créé une agence qui accompagne les marques dans leur stratégie, en mettant l’accent sur l’engagement sociétal et l’inclusion.
Il me semblait aussi essentiel de donner une dimension solidaire à cette aventure. C’est pourquoi j’ai décidé de reverser une partie du chiffre d’affaires de l’agence à l’association Les Extraordinaires. Cela me permet de continuer à soutenir concrètement les initiatives qui me tiennent à cœur et de prouver que l’on peut concilier performance économique et engagement social.
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