juliette meillat

Déterminée

Quand on lui avait présenté le projet du Mag des Extraordinaires, Guy Coste, bénévole de trisomie
21 Morbihan, nous avait spontanément parlé de Juliette Meillat. Pour son travail en milieu
ordinaire, certes, mais surtout pour sa personnalité, son engagement et son autonomie. Rencontre avec une jeune femme qui ne mache pas ses mots.

J’aborde ce rendez-vous téléphonique avec curiosité. En savoir plus sur cette Juliette, 31 ans, dont on nous a tant vanté l’autonomie. D’un caractère affirmé, elle répond avec clarté et humour à mes questions. Elle n’est pas très bavarde mais ses réponses sont factuelles et précises. Et me voila très vite bousculée dans mes a priori.

  • Travailler dans le nettoyage, c’est fatigant ?
  • Non, ça me plaît.

« c’est moins compliqué que de travailler dans un restaurant »

Interpellant, quand vous savez que cela consiste à nettoyer bureaux et sanitaires et que vous avez en tête le « Quai de Ouistreham », récit autobiographique de Florence Aubenas, sur la tyrannie des métiers du nettoyage. Qui plus est quand elle ajoute avec sincérité « C’est moins compliqué que de travailler dans un restaurant ». Elle fait bien sûr allusion au restaurant Le Reflet dont je lui ai parlé au début de notre échange. Son frère est venu y manger, m’a-t-elle dit, mais visiblement ça ne la tente pas du tout. Quelle détermination, Guy Coste avait raison, Juliette est une belle publicité pour l’auto-détermination tant prônée par les associations.

« je l’ai eu direct, du premier coup ! »

Juliette me raconte son travail, une importante entreprise de nettoyage qui l’emploie depuis sept ans. Elle travaille pour eux tous les matins et consacre le reste de ses journées entre lecture, mandalas, ordinateur, portable et tablette. Curieuse d’en savoir plus sur sa voiture, je change de sujet. Je laisse Juliette me raconter comment elle a appris à conduire, avec ses parents, d’abord, puis avec une auto-école de Lanester. C’est une voiturette sans permis qu’elle utilise pour faire les quelques kilomètres qui la sépare de son travail. « J’ai appris le système des panneaux et des indications. J’ai appris tout ça. Je l’ai eu direct, du premier coup ! J’étais tellement contente, que j’ai payé l’apéro à mes parents. »

« des amis qui m’acceptent telle que je suis »

La vie bien remplie de Juliette ne s’arrête pas là ! Elle a, à son palmarès, le titre de vice-championne de France d’escalade, décroché il y a trois ans. Peu bavarde sur le sujet, je file sur google pour en savoir plus et découvre qu’elle a grimpé vingt voies sur deux jours et demi pour décrocher cette médaille d’argent, qu’elle pratique l’escalade depuis ses 14 ans et qu’elle fait aussi du tennis de table, de la natation et de la marche. Lorsque l’on parle d’escalade, Juliette est pleine d’enthousiasme. Elle souligne, « je pratique dans un club ordinaire, j’y retrouve pas mal d’amis qui m’acceptent telle que je suis et ça, c’est vraiment cool. » Elle a raison, les amis, ça vaut toutes les médailles.

appart, cuisine, vacances, une vie normale quoi

Juliette vit seule dans son appartement situé à quelques minutes de chez ses parents. Elle cuisine ses repas grâce à sa mère : « Elle a travaillé dans un restaurant. Alors, elle nous a appris à cuisinier à mon frère, ma sœur et moi. » Et pour compléter son portrait, elle tient à souligner qu’avant, elle faisait du bateau mais qu’elle a arrêté, qu’en ce moment, elle fait du vélo d’appartement. C’est au moment de se souhaiter de bonnes vacances – cet entretien a été réalisé début juillet – que Juliette nous raconte qu’elle part en vacances en Grèce, à Athènes, sans ses parents « Comme ça, je peux trouver d’autres amis en plus. J’ai pas les parents derrière moi. » Je vous l’avais dit qu’elle est déterminée, Juliette.